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                                                                                A Garcia Lorca, Rafael Alberti,

                                                                                A Pablo de Guernica,

                                                                                Aux partisans,

                                                                                                        morts pour la République,

                                                                                 A Manuel Azana,

                                                                                 A vous tous, companeros de la libertad

                                                                                                              

 

 

Au-dessus des vertes vallées

Et des champs mordorés asséchés par l’été

Où le soleil renâcle et tire sa jambe raide

Comme un diable boiteux

La lune pleine diffuse sa curieuse laitance

Comme pour un enfantement

Contraire à son désir

 

Derrière la lisière opaque des nuées

On perçoit le galop des chevaux de Lorca

­Ou la tête assoiffée des taureaux de Goya

Et le parfum musqué des soirées d'Asturies

 

Le vent n'est plus qu'un souffle et promène à grand train

Le diable et son charroi

Dans les prairies obscures

Où s’acharnent à voler d’archaïques lucanes dans des danses de mort

Qui font signe d'alarme

 

L’extinction des feux n'est perçue par personne

Pas un « qui-vive? »

Ne vient troubler la nuit dormante

Ignorant ce qu’on voit aux étranges lucarnes

Tandis que la faucheuse affûte son couperet

 

L’été revêt en douce son festif apparat

 

Qui se souvient des larmes de ceux qui ont pleuré

Tous leurs amis perdus et leurs frères sans armes

Tombés sous la mitraille avant l'aube levée?

Les pierres seules avouent leur effort de mémoire

D’infimes traces de sang témoignent à ce procès

Seuls quelques dés pipés narguent les reposoirs

Où des prêtres affairés s’ingénient

A écrire une histoire maculée

Maquillée en rideau de fumée

Masquant l'or sacré et le sang des garrots

Que de sombres orpailleurs

En des jardins secrets

Ou dans le labyrinthe de ruelles mentales

S’évertuent à surprendre

 Pour les vendre à bas prix ou même les donner

Aux plus pauvres de nous

A quelques survivants

Que leurs sens aiguisés

Auront su préserver

Portant en pendentifs à leurs cous écorchés

L’ineffable secret de toute survivance

A ce monde damné

 

 

 

René Hervieu. 15 août 2008

 

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Tag(s) : #Ils, elles le disent si bien
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